Se livrer sans rien sentir

Abstract

Les pages qui suivent, je les ai écrites pour moi seul. Je ressentais le désir de relire ma vie avec Dieu : mieux comprendre comment le Seigneur m’a conduit jusqu’à présent, afin de mieux me laisser conduire pour le temps qui me reste à vivre. Je leur ai donné pour titre : « Par quel chemin le Seigneur veut-il me conduire ? » Au terme de leur rédaction, j’ai découvert que ces notes étaient aussi un chant d’action de grâces devant les merveilles que le Seigneur a réussi à réaliser en moi, malgré les obstacles que, chaque jour, j’ai opposés et continue à opposer à son action. C’est en quelque sorte, une confession de la fidélité de Dieu en réponse à mes infidélités. J’ai montré ces notes intimes à un ami pour échanger intimement avec lui sur ce que je vis. Il m’a déclaré que ces notes pourraient apporter une aide précieuse à des prêtres, religieux et religieuses, et aussi à des laïcs dans leur cheminement. Et il m’a invité à faire preuve d’humilité en acceptant que ces notes soient publiées. J’ai éprouvé une vive répugnance à envisager cela. Ces notes ne sontelles pas tout à fait personnelles ? Il m’a répondu : précisément, aujourd’hui, ce ne sont pas les exposés solides et bien charpentés qui touchent les coeurs, même s’ils sont nécessaires, mais les témoignages. Il y a là un beau témoignage, m’a-t-il dit. Exprimant ma crainte que cette publication ne soit perçue comme de l’auto étalage, il m’a répondu que le lecteur verrait tout de suite dans quel esprit ces lignes ont été écrites. Je me suis encore posé bien des questions : n’y a-t-il pas de nombreuses personnes, plus avancées dans la vie spirituelle et plus capables que moi d’aider les autres ? Et puis, cette publication, si elle se fait, ne va-t-elle pas réveiller en moi des sentiments d’orgueil, m’attribuant à moi-même ce qui est l’oeuvre exclusive de Dieu ? Je n’étais pas en paix. Devant l’insistance de mon ami, j’ai consulté quelques autres personnes qui m’ont donné la même appréciation que la sienne. Voulant faire ce que Dieu veut, ce que veut son Eglise, ne désirant pas une chose plutôt qu’une autre, j’ai décidé d’écouter mon prochain et de remettre la décision entre les mains de mon supérieur provincial qui, pour moi, tient la place de Jésus-Christ. S’il juge opportune cette publication, j’accepterai sa décision, pour la plus grande gloire de Dieu.